Jeudi 5 mai (40 km)
Arrivée synchronisée de la voiture privée, du bus, des passagers venus en train. Pique-nique au bord du lac. Les colverts se dandinent entre les pierres pour attraper la moindre miette qui tombe du pain des sandwiches
Chacun s'équipe de sa tenue de cycliste. Les roues avant sont remises aux tandems.
Le plein d'eau est fait. Pilotes, copilotes et vélos solos sont prêts au départ
Tandems
Gilbert et Anne-René
Jean-Paul et Andrea
Jean-Claude et Sylviane
Michel et Antoine.
Solos
Mireille, Natalya et Hubert
C'est parti pour une demi-journée. Pas un nuage dans un ciel bleu printemps. Dès les premiers coups de pédale, on est sur une piste cyclable.
On peut explorer la Thurgovie sur deux roues, sans grandes montées, ni forte descentes. Pour ce faire, neuf cents kilomètres d'itinéraires balisés offrent une remarquable diversité. Découvrir cette région à vélo, c'est faire connaissance avec les collines, les forêts, les vergers, les bosquets, les rives, les roseaux, les pistes asphaltées, les chemins de terre battue, les sentiers. Ce jeudi après-midi, il y a beaucoup de monde à pied, à vélo ou en rollers. Les pilotes doivent continuellement anticiper les réactions des autres usagers. On roule lentement. C'est bien pour un départ. Pas d'efforts violents. Notre balade est agrémentée d'un comique de répétition. Il semble que chaque fois que nous devons traverser la voie de chemin de fer, les barrières son baissées ce qui nous oblige à poser pied à terre.
Si l'on reste au bord du lac, c'est cool. Juste une ou deux petites bosses sans importance. Au moment où l'on pénètre à l'intérieur des terres, les collines arrondissent leurs toisons de forêts. Et là, ça grimpe un peu plus. La route allonge ses lacets entre les conifères qui sentent bon la résine. Nous absorbons le plus fort dénivelé du weekend, quelques bons deux-cents cinquante mètres. Tout le monde se regroupe au sommet avant le retour dans la plaine. Petit arrêt sur une terrasse. Accueil plus que chaleureux. Une bonne bière est appréciée par les amateurs. Cocas et thés désaltèrent les autres pédaleurs et pédaleuses. A 17h30, on s'installe à l'auberge de jeunesse. Nous prendrons le repas du soir dans un restaurant du bord du lac. Au retour féerie des lumières de la nuit sur les rives.
Différence cadeau
La différence est un cadeau,
Que l'on voie bien, qu'on soit miro.
La vue de l'un peut guider l'autre,
Le long des blés, des champs d'épeautre.
On a fait de superbes tours
Par Kreuzlingen ou par Merzbourg.
En tandem, on a partagé
Un grand parcours de l'amitié.
Nous étions tous si différents, Et si pareils, en même temps.
C'est dans notre diversité
Que notre force s'est montrée.
La différence est un cadeau
Quel que soit le teint de la peau
La forme et la couleur des yeux,
La soie ou le crin des cheveux.
Nous les aveugles ou malvoyants
Nous assumons notre handicap.
Avec un humour qui décape,
Nous voulons vivre pleinement.
Nous avons un cœur pour aimer,
Des envies de rêve et de rire
Les joies de goûter aux plaisirs
Qu'offre la vie en société.
La différence est un cadeau,
Que l'on soit rond, mince ou boulot.
La beauté ne s'achète pas.
Elle se trouve au fond de soi.
Sur deux roues, c'est la liberté,
Grâce aux pilotes chevronnés
Qui savent bien mettre en image
Les changements du paysage.
Et quand on arrive à l'étape
Tout simplement, ils sont nos yeux.
De la chambre jusqu'à l'agape,
On dit merci, on est heureux.
La différence est un cadeau.
Sous le soleil ou bien sous l'eau,
Dans les cols ou dans les descentes
Sur les replats ou sur les pentes
Le long des prés, au bord des haies
Sur les chemins de nos forêts,
On a appris à se connaître
A être plutôt qu'à paraître.
S'il n'y avait pas la différence,
Ce serait triste sans nuances.
Antoine (1 juillet 2010) adaptation 10 mai 20116
Vendredi 6 mai 2016 (80 km)
Au réveil, il faut enlever la taie d'oreiller et la fourre de l'édredon. Nous changerons de dortoir. Deux chambres individuelles se sont libérées. Petit déjeuner à 7h30. Départ prévu à 8h. Mais nous démarrons après huit heures et demie.
Le parcours est peu exigeant, souvent très odoriférant. Des senteurs de colza, d'arbres et d'arbustes en fleurs arrivent par bouffées des vergers et des champs. Les abords des maisons sont des tapis de fleurs de toutes les couleurs. Le jaune est le plus pétant.
L'itinéraire dessine des S serrés, et même parfois des
doubles S qui demandent une certaine dextérité aux pilotes. Pour les copilotes, c'est plutôt amusant. Nous longeons le côté suisse du bas lac jusqu'à Stein am Rhein. Un pont nous permet d'enjamber le Rhin, tout au bout du lac. Nous nous arrêtons un peu plus loin pour le café du matin.
Après la pause-café, nous enfourchons nos montures pour la suite de notre aventure. Nous passons la ville de Radolfzelle entre de très jolies maisons à colombage.
Nous longeons le bord du lac dans les prés où l'herbe coupée a déjà pris l'odeur du foin, les cultures de fraises déjà bien grandes, juteuses et parfumées. Nous les avons goûtées. De temps en temps nous traversons des vignes.
Dans les bosquets, les coins de forêt, les arbres près des maisons, les taillis et les haies, c'est partout un concert de chansons. Les oiseaux rivalisent d'ardeur printanière pour moduler leurs airs flûtés, leurs mélodies tendres ou leurs cris bagarreurs.
Nous prenons le repas de midi au bord du lac, presque les pieds dans l'eau, après un petit retour en arrière. Oh ! vraiment très court. Une vraie bonne idée. L'endroit est très accueillant. Nous choisissons des tables au soleil. Mais attention aux coups de Jean Rosset. Petite sieste dans le gazon pour les vélos qui n'en demandaient pas tant. Deux ou trois intrépides s'avance dans le lac jusqu'à ce que l'eau leur arrive aux genoux. Le repas est apprécié de tous. C'est bon. Et au bout du compte, ce n'est pas cher. Pizza, boisson, café, pour 11 euros ! Pour trouver mieux, faut se lever tôt.
Il reste une trentaine de kilomètres quand nous repartons pour rejoindre la ville de Constance. Tout à coup, il faut grimper dans un village. Impossible d'emprunter la piste du bord du lac. Nous supposons que l'un ou l'autre propriétaire privé n'a pas souhaité voir passer les vélos devant son petit château. Les villages sont cossus. Les maisons respirent l'opulence. Enfin nous voilà à Constance. Les rues grouillent de piétons et de cyclistes. On s'arrête pour se désaltérer ou déguster une glace. Deux ou trois personnes restent pour garder les vélos pendant que les autres découvrent un peu de la ville à pied.
Au passage de la frontière, l'un ou l'autre vélo se fait carillonner. Il fallait aller à pied.
Retour rapide à l'auberge de jeunesse. Rétablissements pour toute la troupe. Ce soir nous mangerons à Constance. Michel fait deux voyages avec sa voiture pour amener tout le monde sur place. Après une balade apéritive nous dénichons le restaurant Pinocchio. Cadre superbe. Nourriture excellente. Vins fins. Tiramisu délicieux. Superbe moment de partage et de franche rigolade.
Deux voyages pour le retour. Tout le monde dormira bien.
Samedi 7 mai 2016 (50 km)
Journée promenade d'école. Aujourd'hui, nous prendrons deux fois le bateau. Après un copieux petit déjeuner, la pression des pneus est vérifiée et les compteurs fixés sur les guidons de nos deux roues. Ce matin, nous empruntons un autre itinéraire. Nous suivons la rive gauche du haut lac en direction de Romanshorn. La piste cyclable longe souvent la voie de chemin de fer. Nous passons au pied du village de Landschlacht. Initialement, c'est au centre international pour aveugles que nous aurions dû être hébergés. Ce centre est bien connu des membres de la section de Fribourg de la FSA. Pendant plus de dix ans, une semaine de vacances actives les a accueillis.
Nous traversons rapidement plusieurs villages. Dans les eaux pleines de roseaux, les grenouilles coassent, les colverts cancanent, les mouettes rieuses émettent leurs glapissement stridents et des espèces d'aboiement courts. Les éternuements bruyants des foulques macroules sonnent comme des coups de trompette.
En peu de temps, nous avons rejoint Romanshorn. Nous avons même le loisir de prendre un café sur une terrasse au soleil. Un peu plus loin le ferry nous attend. Le problème c'est d'y arriver. On se trompe d'abord de chemin. Mais Mireille a déniché le petit passage qui permet d'y accéder. Ça y est. Nous sommes sur le bateau. Il n'y aurait pas place pour une voiture de plus. Il y a un monde fou. Impressionnant. 14 kilomètres de traversée.
Sur tous les ponts et les coursives, ça grouille de monde. Pas facile de trouver une place assise. Quand le contrôleur passe pour les billets, nous réussissons une négociation avantageuse. Onze personnes et sept vélos pour moins de cinquante francs. C'est plus que raisonnable. On profite pour faire l'une ou l'autre photo de famille. De l'autre côté, à Friederischhaven, l'accostage en douceur est spectaculaire. On sort les derniers du ferry. En route pour trouver notre halte de midi et demie.
On se retrouve sur une terrasse au bord de l'eau autour d'une grande table ronde. Le repas est simple, mais copieux. Une bonne bière désaltère. Un coca rafraîchit, un thé chaud aussi. C'est un grand moment de convivialité avec d'énormes éclats de rire. Ça sent bon la joie de vivre, le plaisir d'être ensemble. Il reste peu de kilomètres jusqu'au prochain bateau. On emprunte une piste cyclable. Elle est tellement large qu'on se croit sur une autoroute pour vélos.
A Meersbourg nous avons de la chance. A peine sommes nous au port que le bateau arrive. C'est le samedi de l'Ascension. Il y a un monde fou. Heureusement qu'à l'arrière, il y a des places réservées aux vélos. Il faut patienter avant que les mariniers n'ouvrent l'accès aux bicyclettes. Là aussi, bonne négociation pour les billets. Un peu plus de cinquante euros pour toutes les personnes et les bécanes.
Cette fois la traversée est plus courte. Le port de Constance pullule de monde. Nous devons marcher à côté des vélos. Et quand nous repartons sur nos deux roues, on s'aperçoit que notre auberge de jeunesse est à moins d'une demi-heure à pied de la ville. C'est décidé. Ce soir nous reviendrons en marchant.
Douchés, les dames pimpantes, les messieurs rasés de frais, retour en ville. Visite à pied avant de se mettre en quête d'un nouveau restaurant. Au pif, on choisit la Stéfanskeller. Ce ne fut pas un choix heureux. Rien à voir avec le Pinocchio. C'est pourquoi, en sortant, les amateurs insistent pour s'offrir un tiramisu chez Pinocchio. La température est agréable. Dans la nuit, le concert des grenouilles est tapageur. Il est tard. le jour sera plus vite là.
Dimanche 8 mai 2016 (35 km)
Au petit matin, l'un ou l'autre dormeur du dortoir a été réveillé par les pleurs d'un bébé. Cela n'a pas duré. Les merles du parc avaient l'accent de la région. Ils voulaient plus qu'ils ne trillaient. Du moins, c'était l'avis de Michel. A sept heures, chacun est sorti de dessous la couette. La dernière main est mise pour la préparation des bagages. Sylviane s'occupe de rassembler les taies et les fourres. Après le petit déjeuner, les valises et les sacs sont déposés dans la salle des loisirs. En l'absence de Daniel, c'est Mireille qui s'occupe de régler la facture établie par l'auberge de jeunesse. Aux montants que j'avais indiqué, s'ajoute la taxe de séjour s'ajoute une ou l'autre taxe (minimes) concernant la protection de la nature. Il faut compter encore le prix du sandwich que nous prendrons à midi.
A peu près comme les autres matins, nous démarrons avec nos tandems. Ce dimanche, nous quittons les bords du lac pour découvrir un peu la Thurgovie profonde. C'est une région de collines et ça ne tarde pas à monter. Oh ! c'est régulier et le pourcentage de la pente est plus facile que celui du profil du jeudi.
Nous nous fions aux GPS de Jean-Claude et de Michel. Mais ces instruments font des caprices. De temps en temps, ils refusent toute collaboration. Nous prenons des itinéraires avec des chemins de terre battue qui bordent les forêts ou nous font rouler à l'intérieur. C'est bucolique. Le paysage se modifie continuellement.
On traverse des vergers d'arbres en fleurs. Tout à coup s'élargit un panorama sur les Alpes glaronnaises. Les vagues des collines ou le miroir du lac, sont autant de cartes postales. Sans parler des émotions sentimentales. Et je ne parlerai pas des verdiers, pinsons, merles, fauvettes des jardins, fauvettes à tête noire, grimpereaux, pics, corneilles, roitelets, sittelles et autres mésanges qui chantaient le bleu du ciel.
A un moment donné, nous demandons confirmation de la route à suivre pour atteindre Berg. Ce que fait aimablement un autochtone, et en français s'il vous plaît.
Génisses et moutons broutent dans les prés sans nous prêter la moindre attention.
Un peu avant Berg, nous abandonnons nos vélos avant de gravir quelques escaliers pour atteindre la terrasse de la pause-café. Mireille aidée de Natalya profite de cette occasion pour encaisser la part de chacun. En deux temps et trois mouvements c'est réglé. Photo de famille.
Encore une petite montée sur le chemin du retour, avant une longue descente. On passe entre deux petits lacs qui miroitent comme des bijoux dans leur écrin de verdure. Puis, terrain plat parfait pour terminer notre aventure de quatre jours. Les vélos sont chargés sur la remorque. Il faut trouver quelqu'un qui a une clé pour lever la barrière qui permettra au bus de s'approcher.
A l'auberge, il est possible de se doucher avant le pique-nique de midi. Des tartines sont déjà beurrées. Il n'y a plus qu'à y ajouter viande et/ou fromage selon les goûts. Les conversations expriment le plaisir de ces quatre jours vécus ensemble. Antoine en profite pour remercier tous les participants, leur solidarité, leur bonne humeur, leur disponibilité qui ont créé la bonne ambiance tout au long du séjour.
Michel amène, à la gare, les voyageurs qui empruntent le train. Petite anecdote. Il y avait deux trains sur le même quai. Il fallait monter dans le premier et .... nos voyageurs ont pris le deuxième en direction de Schaffhouse. Ils sont descendus au premier arrêt. Heureusement qu'il y a un train toutes les 30 minutes. Retour à Kreuzlingen. Cette fois, ce fut la bonne. Et le voyage retour se déroula sans encombre. Pa de retard. Bonnes correspondances. Parfait.
Je ne peux rien dire du retour avec les voitures. Personne n'a fait de remarque. Je dirai donc que tout s'est également bien passé. Quatre journées de ciel sans nuage dans l'azur et dans les coeurs. Merci à tous.
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